Introduction (Motzki)
INTRODUCTION.
I. Origines et transmission du Hadith.
Les débuts de l'étude moderne du Hadith.
Le Hadith a été connu en Europe au 17e siècle, mais son étude a commencé au 19e siècle.
Les orientalistes étaient intéressés par une étude historique de la vie du Prophète. Ils se sont rendus compte qu'à côté du Coran, le Hadith était la plus importante source de la vie du Prophète et du début de l'islam.
Ils se sont alors penchés sur la fiabilité historique du Hadith.
Les premières études décrivaient le sujet ainsi :
Il est logique que les faits et paroles du Prophète furent un sujet central de discussion chez les musulmans. Cette habitude s'est même intensifiée après sa mort, pas seulement par intérêt pour le Prophète, mais aussi car le Coran était insuffisant comme source pour la vie pratique de la communauté. La sunna complétait ce manque.
Les musulmans ont rassemblé toutes les informations qu'ils pouvaient sur le Prophète et parfois en inventaient.
Le Hadith était mémorisé et se transmettait par voie orale.
Quelques personnes les mettaient à l'écrit, malgré l'opposition à cette pratique.
A la fin du premier siècle, les califes ont incité les collecteurs de hadiths à en collecter un maximum et à les mettre à l'écrit.
Ces savants transmettaient les hadiths à leurs élèves principalement sous la forme de cours. Les élèves prenaient des notes et transmettaient ensuite à leurs propres élèves. De cette façon, les compilations des plus grands collecteurs ont été préservées (même si les rédactions d'avant la moitié du deuxième siècle n'ont pas survécu jusqu'à aujourd'hui).
Au cours des siècles suivants, le stock de hadith a augmenté, par collecte et par invention.
Les orientalistes étaient divisés :
-Certains acceptaient qu'une partie des hadiths étaient authentiques, même s'il avait pu y avoir altération au cours de la transmission.
-D'autres estimaient que l'écrasante majorité des hadiths circulant au troisième siècles étaient inventés.
Les savants musulmans avaient déjà étudié ce problème et avaient développé leurs propres méthodes pour distinguer les vrais hadiths des faux.
Mais selon les orientalistes, la critique des savants musulmans ne se basait que sur la chaîne de transmission (isnad) et non pas le contenu (matn).
Quelques orientalistes étaient admiratifs du travail des savants musulmans, mais tous étaient convaincus que leur critique n'était pas assez rigoureuse. Si le hadith avait été inventé trop tôt, il était impossible de le voir à la chaîne de transmission.
L'immunité des compagnons et le refus d'analyse rationnelle des hadiths les ont empêché d'aboutir à une méthode de critique efficace.
Les premiers orientalistes estimaient le nombre de hadiths authentiques dans les Sahih bien moindre que les savants musulmans.
-Au mieux 50% (Weil, Muir, Dozy)
-Ou quelques centaines (von Kremer)
La critique moderne du hadith devrait filtrer les quelques hadiths authentiques des milliers inventés.
Les études publiées entre 1850 et 1875 posaient déjà les questions :
-Quand, comment et pourquoi les hadiths sont apparus ?
-Comment ont-ils été transmis ?
-Quelle est leur fiabilité ?
-Dans quelle mesure peuvent-ils constituer une source pour la critique historique moderne ?
-Par quelle méthode distinguer les vrais hadiths des faux ou déformés ?
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Résumé
Début de l'étude du hadith en Europe : 19e siècle.
Les orientalistes se sont intéressés à la fiabilité du Hadith comme source historique.
Problème de fabrication de hadiths, nécessité d'une méthode pour filtrer les hadiths.
Les savants musulmans se limitent à la critique de la chaîne de transmission, pas assez rigoureux pour les orientalistes.
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Origine et historicité.
Dans quelle mesure le Hadith constitue-t-il une source historique ?
L'opinion de Muir est représentative de l'idée répandue chez les premiers orientalistes :
William Muir, orientaliste écossais. (1819-1905) |
"Il ne peut pas y avoir "trop de précaution" ou "trop de rigueur" dans le traitement du Hadith. Un fait important ne devrait pas être accepté comme prouvé par un simple hadith, à moins qu'il y ait d'autres éléments en sa faveur (analogie, probabilité, preuve parallèle...). L'historien restera méfiant face à l'incertitude du hadith et rejettera tout ce qui s'appuie dessus. Il trouvera à côté de nombreuses autres sources fiables pour la biographie du Prophète."
A la fin du 19e siècle, les critiques sont devenues plus sévères.
Dans son étude de 1890, Ignaz Goldziher estimait qu'il a existé un "stock" de hadith authentiques du temps des compagnons, grossi ensuite par les générations suivantes (par inventions).
Mais il doutait qu'il soit possible de reconnaître ce "stock originel de hadiths".
Selon lui les hadiths ne pouvaient donc pas être une source historique du tout début de l'islam.
Ignaz Goldziher, orientaliste hongrois. (1850-1921) |
Contrairement aux autres, il ne s'intéressait pas aux hadiths authentiques (indéterminables selon lui) mais aux hadiths inventés plus tardivement, qui étaient une source pour la période post-prophétique de l'islam.
Goldziher illustrait les causes d'inventions de hadiths par de nombreux exemples.
Par exemple, il a montré que le fossé entre les gouverneurs Umayyades et les savants a conduit à la fabrication de hadiths :
-Les savants inventaient des hadiths contre les Umayyades et pour la rébellion.
-Les Umayyades faisaient inventer (par d'autres savants) des hadiths en leur faveur et contre la rébellion.
D'autres groupes aussi (comme les chi'ites) inventaient des hadiths.
La prise du califat par les Abbassides a aussi poussé à l'étude du hadith et à de l'invention.
On peut voir dans les hadiths les couleurs politiques des différents groupes de savants (par exemple entre ahl al-ra'y et ahl al-hadith) ou des différentes régions.
Des hadiths pouvaient aussi être inventés simplement pour inciter à la vertu ou pour appuyer un fait.
Les études de Goldziher ont eu une grande influence et une haute estime. Ses résultats étaient cependant interprétés de différentes façons :
-Pour certains ils confirmaient leur opinion comme quoi la masse de hadiths circulant au 3ème siècle n'était pas authentique, mais ils estimaient qu'il existe quand même des hadiths authentiques que les historiens ont pour mission de découvrir.
-Pour d'autres, plus radicaux, les hadiths de façon générale doivent être considérés faux.
Cette divergence d'interprétation est en fait due à des contradictions dans les travaux de Goldziher.
D'un côté il admet qu'il a existé un stock originel de hadiths authentiques, mais de l'autre il ne prend comme source historique que des hadiths tardifs, car sa méthode ne permet d'identifier que les hadiths fabriqués tardivement (par exemple en montrant un anachronisme).
On peut conclure des études de Goldziher :
1- Les historiens ne peuvent pas utiliser les hadiths comme source du tout début de l'islam.
2- Pour la période postérieure, les seuls hadiths utilisables sont les quelques uns prouvés tardifs.
Ainsi, les sources disponibles pour l'histoire des débuts de l'islam s'en retrouvait drastiquement diminuée.
La plupart n'étaient pas prêts à aller jusque là.
Pour illustrer la vie du Prophète, Goldziher ne se servait ni des hadiths ni de la sira, il utilisait seulement le Coran.
Face à ce problème, Schwally essaya de conserver la sira, en prétendant que les découvertes de Goldziher ne concernaient que le hadith.
Friedrich Schwally, orientaliste allemand. (1864-1919) |
Goldziher lui-même était incohérent, il délaissait les hadiths pour décrire la vie du Prophète, mais il n'hésitait pas à accepter comme historiquement vraies des narrations sur les compagnons et générations suivantes.
Il argumentait qu'il était impossible de reconnaître un hadith authentique du temps du Prophète, mais il n'expliquait pas selon quel critère cela devenait possible pour les générations suivantes.
Quelques uns, comme Joahnn Fück, rejetaient les conclusions de Goldziher.
Johann Fück, orientaliste allemand. (1894-1974) |
Soixante ans plus tard, Joseph Schacht va encore plus loin que Goldziher. Il défend la thèse selon laquelle l'ensemble des hadiths du Prophète et des compagnon est inauthentique.
Joseph Schacht, orientaliste germano-britannique. (1902-1969) |
"Le premier corpus important de hadiths est apparu vers le milieu du 2ème siècle."
"Une grande majorité des hadiths n'ont été mis en circulation qu'après l'époque de Shafi'i (au 3ème siècle)."
Sa thèse s'appuyait sur deux piliers :
1- L'investigation du rôle qu'on joué les hadiths du Prophète dans la théorie et la pratique des écoles juridiques durant le 2ème siècle.
2- L'examen de l'augmentation des hadiths juridiques.
Selon Schacht, les doctrines juridiques (écoles) se formaient principalement sur le raisonnement personnel. Ce n'est qu'ensuite que tout cela a été attribué aux compagnons.
Les anciennes écoles étaient déstabilisées par l'influence des hadiths mis en circulation au 2ème siècle. Cela à conduit à une forte opposition de ces écoles envers ce type de hadith.
Cette opposition a progressivement faibli, puis a disparu sous l'influence de Shafi'i (d.206) et sa théorie sur les sources de la loi.
Schacht conclut que les hadiths sont de façon générale plus tardifs que les doctrines des premières écoles (apparues au début du 2ème siècle).
Il tente de décrire le développement des hadiths juridiques plus précisément, en comparant les stocks de hadiths sur des sujets précis, contenus dans différentes compilations selon leur époque (les compilations jeunes, les classiques (3ème siècle), et les plus tardives (4ème siècle)).
Il en conclut qu'il y a eu plusieurs étapes de développement des hadiths.
"Tout hadith juridique du Prophète, sauf preuve du contraire, ne doit pas être considéré authentique, mais comme l'expression fictive d'une doctrine juridique formulée à une date postérieure."
(C'est aussi ce qu'avait dit Schwally 40 ans plus tôt.)
Selon Schacht, cela est vrai aussi pour les narrations des compagnons et des tabi'in (la fabrication de hadiths ayant commencé un peu avant), ainsi que pour la sira.
Tout comme pour Goldziher, il y eut plusieurs réactions aux théories se Schacht.
Son travail était considéré méthodique, approfondi et original, mais l'idée comme quoi il n'existait pas de noyau originel de hadiths authentiques était discutée.
La critique principale portait sur le fait qu'il n'avait pas suffisamment distingué la forme du hadith (qui pouvait être prise tardivement) de son contenu (qui pouvait être antérieur). [exemple au chapitre 3]
Néanmoins, Schacht a profondément influencé les orientalistes. Toute nouvelle recherche devait faire référence à ses travaux qui ne pouvaient être ignorés.
Il y avait trois catégories :
-Ceux qui le rejetaient catégoriquement.
-Ceux qui le suivaient sur les points principaux.
-Ceux qui essayaient de modifier ces points.
Dans la première catégorie, beaucoup de musulmans, mais aussi quelques non musulmans (comme Joahnn Fück et Nabia Abbot).
Nadia Abbot (1897-1981) |
Ils supposaient qu'après la mort du Prophète il y a eu une transmission continue de hadiths, qui relativement tôt (dès le 1er siècle), étaient rassemblés dans des compilations individuelles.
Ces narrations étaient transmises à des élèves par le biais de cours, dictées ou copies écrites.
Les compilateurs du 2ème siècle pouvaient puiser dedans.
Selon les savants de cette première catégorie, les hadiths doivent être supposés authentiques tant que le contraire n'a pas été prouvé.
Pour ceux de la deuxième catégorie (ceux qui adhèrent à la théorie de Schacht), ces premiers ne sont pas assez critiques et leurs preuves ne sont pas convaincantes.
Eux, considèrent la théorie de Schacht comme prouvée. Tout hadith doit être considéré inauthentique tant que le contraire n'a pas été prouvé. Et d'après certains il est même impossible de prouver qu'un hadith est authentique.
Le troisième catégorie essayait de modérer la position trop extrême de Schacht :
-Certains distinguaient la forme du hadith et son contenu (Noel Coulson, Juynboll, John Burton, David Powers).
-D'autres essayaient de vérifier ses résultats en employant sa méthode pour dater les hadiths et voir s'il n'y avait réellement pas de hadiths au 1er siècle (Josef van Ess, Gregor Schoeler, Harald Motzki).
G.H.A. Juynboll (1935-2010) |
Juynboll adopte la position d'avant Schacht, que les hadiths ont commencé du temps du Prophète.
Il suppose que des conteurs inventaient des hadiths sur la vie et les vertus du Prophète et des premiers musulmans. Et que ce n'est qu'à la fin du 1er siècle que la transmission plus classique a commencé.
Il diverge avec Schacht car il estime que des vrais hadiths du Prophète circulaient à la fin du 1er siècle, mais il le rejoint sur l'impossibilité de les reconnaître.
Il est également d'accord avec lui qu'il n'y avait pas de hadith juridique (halal/haram) au 1er siècle.
D'après Juynboll, l'origine temporelle et géographique d'un hadith peut être déterminée par la chaîne de transmission, mais la plupart du temps elle ne remonte que jusqu'aux tabi'in (deux dernières décennies du 1er siècle).
Selon Burton, une grande partie de la sunna provient d'exégèse coranique et n'est pas authentique.
Josef van Ess affaiblit la théorie de Schacht. Par une analyse historique du hadith, il démontre que certains peuvent être datés très tôt, à la moitié du 1er siècle.
Par une étude des toutes premières collections de hadiths, Harald Motzki arrive à la même conclusion, avec une approche critique très différente de la sienne.
Il combine une analyse des hadiths juridiques avec un examen critique des méthodes et résultats de Schacht et conclut que les théories de Schacht sont basées sur des supposés douteux, des méthodes problématiques et des généralisations. Les hadiths doivent être étudiés de façon individuelle.
Selon Motzki une datation plus précise est possible.
Motzki, Schoeler et d'autres ont daté plusieurs hadiths au 1er siècle avec des méthodes similaires à celles de van Ess.
Selon eux, un hadith ne doit être considéré par défaut ni authentique ni faux. Ils traitent les hadiths au cas par cas.
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Résumé
Les orientalistes ont un regard critique sur les hadiths.
Première grande influence : Goldziher.
Goldziher n'accepte comme source historique que les hadiths prouvés tardifs (donc inventés, pour des raisons politiques ou religieuses).
Ces hadiths tardifs sont une source pour l'époque post-prophétique.
Il reconnait qu'il a pu exister des hadiths authentiques, mais qu'il est impossible de les reconnaître.
Pas tout le monde le suit, trop extrême.
Deuxième grande influence : Schacht.
Plus radical que Goldziher, selon Schacht tout hadith est considéré inventé, sauf preuve du contraire (les savants musulmans sont d'avis contraire, un hadith est par défaut authentique).
Pour Schacht, les hadiths sont inventés tardivement, notamment pour justifier les positions des écoles juridiques.
Certains orientalistes suivent Schacht, d'autres rejettent ses théories ou tentent de les modifier.
Selon Motzki il ne faut pas généraliser comme Schacht, mais étudier les hadiths de façon individuelle. Certains ont pu dater des hadiths très tôt, au premier siècle.
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Moyens de préservation et de transmission.
Plus la transmission orale d'un hadith est longue, plus le hadith a de chances d'avoir été déformé.
La mise à l'écrit permet d'éviter ce danger, mais il peut quand même y avoir des erreurs de dictée ou de rédaction, de la négligence dans sa conservation, voire de la falsification.
Les premiers orientalistes estimaient que le Hadith avait principalement été transmis oralement, et que les toutes premières collections de hadiths (non préservées) qui avaient servi de base aux compilations classiques avaient été rédigées dans la première moitié du 2ème siècle.
Cette opinion reflétait celle des savants musulmans.
Depuis les études de Goldziher, beaucoup pensaient que la transmission par voie orale a continué au 2ème siècle, car Goldziher avait collecté de nombreux textes montrant l'hostilité des musulmans envers la mise à l'écrit des hadiths, et parce qu'il avait daté les débuts de la littérature du hadith à la première moitié du 3ème siècle.
Dans les années 1960, plusieurs savants (surtout des musulmans) ont essayé d'invalider l'hypothèse d'une longue transmission orale.
Ils défendaient l'idée que les musulmans mettaient déjà à l'écrit les hadiths dès le 1er siècle.
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Résumé
Problème de préservation des hadiths.
Transmission orale peu fiable.
Opinion générale avant Goldziher :
Transmission orale des hadiths seulement au début.
Premières rédactions au début du 2ème siècle.
Opinion après Goldziher :
Transmission orale des hadiths plus longue.
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Hadiths non sunnites.
Les orientalistes se sont principalement intéressés aux hadiths sunnites.
Les quelques études sur d'autres hadiths (chiites, kharijites) laissent penser que le début de leur collecte date également du 2ème siècle, bien que le processus de standardisation ait duré plus longtemps.
Les questions qui se posent sont les mêmes que pour les hadiths sunnites.
II. Origine et fiabilité de l'isnad.
L'isnad dans les études musulmanes et occidentales.
Il est logique que les savants musulmans se focalisent sur l'isnad (chaîne de transmission). Pour eux, si l'isnad est bon alors le hadith est authentique et fait autorité, à moins qu'il y ait des raisons d'en douter (comme une contradiction avec le Coran ou avec la doctrine).
D'après les sources musulmanes, la critique de l'isnad a commencé au 2ème siècle. Les compilations du 3ème siècle étant considérées comme des produits de cette critique.
Cependant, les principes et catégories établis par la critique de hadith semblent n'avoir été systématisés qu'au 4ème siècle.
La plupart des savants occidentaux avaient une mauvaise opinion des critiques de hadiths musulmans car ils pensaient qu'ils ne se focalisaient que sur l'isnad et négligeaient le matn (contenu du hadith).
Ils pensaient au contraire que l'isnad n'était pas historiquement fiable (sauf quelques uns comme Johann Fueck et Aloys Sprenger).
Leur opinion n'était pas le résultat d'une étude approfondie de l'isnad, mais plutôt à des hadiths anachroniques ou tendancieux considérés authentiques par les musulmans.
Ils en ont déduit que l'isnad n'était pas fiable et ne permettait pas de détecter les hadiths inventés.
Cette conclusion est en accord avec la théorie de Goldziher et de Schacht, que tous les hadiths ou presque sont faux, ainsi que leur isnad (du moins le début).
Les discussions sur la fiabilité de l'isnad, et en particulier son début, ont conduit a la question de l'origine de l'isnad, autrement dit, à partir de quand est-ce devenu une habitude de nommer les transmetteurs ou les sources.
Des musulmans ont aussi participé à ce débat.
Trois dates ont été proposées pour l'origine de l'isnad :
(1) déjà à l'époque des compagnons (jusqu'à l'an 60)
(2) à l'époque des tabi'in (entre l'an 60 et 120)
(3) à l'époque suivante (entre l'an 120 et 180)
Selon les défenseurs de (1) :
Les compagnons faisaient circuler les hadiths du prophète dans le but de suivre son exemple. Quand quelqu'un qui n'avait pas connu le prophète rapportait une chose de lui, il est logique qu'on lui demandait sa source.
La fitna après l'assassinat de Uthman a aussi dû jouer un rôle important dans l'émergence de l'isnad.
Selon les défenseurs de (2) :
Après la mort des compagnons il n'y avait plus de d'information directe sur le prophète. C'est là qu'il est devenu impératif de demander la source lorsque quelqu'un rapportait un hadith.
(Il existe aussi des preuves qu'il y avait déjà des hadiths avec isnad qui circulaient durant la deuxième moitié du premier siècle.)
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